Partout autour de nous, nous voyons en permanence des images de corps dits"parfaits". Minces, lisses, parfaitement imberbes, sans rides, sans vergetures, sans la moindre trace de bouton, les dents blanches., le sourire parfait tout comme le tour de taille. Cette tyrannie du corps parfait, ou tout du moins de l'image parfaite de son corps que l'on doit donner en société, s'applique certes aux hommes comme aux femmes. Cependant elle peut être encore plus durement ressentie lorsqu'une grossesse survient.
Prenez n'importe quel magazine, site web, banque d'images traitant de la grossesse. Regardez attentivement les images qui sont associées à la maternité. Que vont-elles montrer ? Une jeune femme souriante, avec un magnifique air épanoui voire totalement béat sur le visage, des cheveux brillants et fournis, un joli petit ventre rond, une peau éclatante. La photo est bien évidemment prise dans une chambre d'enfant tout droit issue d'un catalogue d'ameublement. Couleurs adroitement coordonnées (peut-être même avec la couleur de la jolie robe portée par la future maman), mobilier de puériculture design et hors de prix, des jouets savamment disposés dans la pièce. Pas une seule fausse note. Décor parfait avec une future maman parfaite. Consciemment ou inconsciemment, ces photos et images auxquelles nous sommes exposées depuis des décennies modèlent notre façon de concevoir, d'appréhender la grossesse et la maternité. Présentée sous ce jour flatteur, être enceinte donne envie ! Si en plus de ces images trompeuses, tu ajoutes un manque de préparation et de communication sur la réalité de la grossesse, cela peut aboutir sur de la frustration, de la déception, une perte de confiance en soi, une baisse d'estime de soi voire bien pire. Comment ne pas se remettre en question en tant que femme si l'on ne renvoie pas à son tour cette image de la femme enceinte radieuse, rayonnante et qui vit là l'un des meilleurs moments de sa vie ? Et pire encore, comment avoir confiance en ses capacités de mère si déjà on n'arrive pas à attendre cet enfant comme la société nous l'impose ?
Alors que tu t’imaginais nageant dans le bonheur à l’annonce de ta grossesse et découvrant avec joie le ventre qui s’arrondit et les petits coups de pieds de bébé, tu vis ta grossesse tout autrement. Entre les nausées, les vomissements, le moral qui fluctue au gré de tes variations hormonales, les angoisses à l’idée de perdre ton bébé, les douleurs ligamentaires, les œdèmes tout à fait esthétiques et les kilos qui s’accumulent tu ne savoures pas vraiment ces 9 mois.
Et c’est tout à fait normal !
Une grossesse se vit, se ressent. Ce n’est pas simplement une image figée.
Certains jours, tu te sens belle, bien dans ton corps. Et d’autres, tu vas avoir l’impression désagréable que ton corps ne t’appartient plus vraiment ou détester ce que tu ressens.
Tu as le droit de ne pas aimer être enceinte ! Bien entendu certaines femmes vivent une grossesse tranquille sans souffrir de trop de symptômes de grossesse et adorent cet état. Et tant mieux pour elles !Cela ne veut pas dire pour autant que c’est la norme pour toutes les femmes. Certaines vivent même un enfer pendant 9 mois !
Sauf que dès que tu oses briser ce tabou ultime et parler librement de tes ressentis autour de ta grossesse,
tu as droit à des regards de travers (sous entendu ouh là, là, elle ne va pas être une bonne mère celle-là !) ou à la très aidante phrase : « tu l’as voulu cet enfant ! ». Et donc parce que cet enfant est voulu, attendu et espéré, cela signifie que tu dois serrer les dents vaille que vaille ?
Bien sûr que bébé est important mais la santé de la future mère également ! Sa santé physique tout comme sa santé mentale d’ailleurs !
Et puis on peut détester être enceinte et être une très bonne mère pour ses enfants ! Cela n’a rien à voir !
Entre la grossesse idéalisée telle qu'elle nous est "vendue" par notre société actuelle et la grossesse réelle, l'écart peut être abyssal. Au lieu du visage rayonnant, tu découvres un masque de grossesse sur ton visage. Tu passes les 3 premiers mois de ta grossesse, voire plus, à vomir et à avoir des haut-le-coeur à la moindre odeur un peu forte. Au lieu du mignon petit ventre rond espéré, ton ventre a une forme bizarre et est strié de vergetures. Au lieu de te sentir inondée de bonheur à l'idée d'agrandir la famille, tu as peur de ne pas aimer cet enfant ou de ne pas être capable de t'en occuper. Et hors de question d'en parler à quiconque de peur de passer pour une mauvaise mère. Les autres y arrivent bien donc pourquoi pas toi ! Au lieu de donner naissance à ton enfant de façon physiologique et respectée comme tu le souhaitais ardemment, on t'annonce une césarienne. Cette grossesse, tu l'as rêvée, tu l'as imaginée. Et lorsqu'elle est devenue bien réelle, tu es tombée du grenier à la cave.
Pour lutter contre cette tendance à magnifier la grossesse et à en cacher les aspects plus crus et désagréables et parfois même invalidants, il me semble indispensable de libérer la parole et de préparer les femmes et les hommes à ce qu'est la réalité de devenir parents. J'entends déjà des personnes qui vont me dire" Oui, mais tu présentes que le côté anxiogène de la grossesse !". Absolument pas. Le secret réside dans l'équilibre. Informer en toute transparence, sans noircir le tableau et sans l'enjoliver non plus. Quoi de mieux pour s'informer sur le déroulement de la grossesse, sur le fameux accouchement dont on a entendu à la fois des horreurs et des récits touchants et sur le post-partum ? Etre accompagné par une consultante en périnatalité qui va te donner des informations fiables, éprouvées et validées par des instances reconnues ! Certes, s'informer n'efface en rien les maux de la grossesse. Par contre, cela permet de les alléger, de mieux les comprendre et surtout d'avoir conscience qu'ils sont dans la plupart des cas anodins, normaux et transitoires ! Surtout, cet accompagnement te permet de vivre ta grossesse de la plus belle des façons, la tienne ! Même si tu vomis !